Un observateur étranger de la France est saisi par la divergence importante entre la perception de la réussite individuelle et celle du projet collectif. En effet, malgré un statut de puissance mondiale économique et militaire, la France ne semble plus satisfaire ses propres citoyens faute d'une redistribution satisfaisante entre régions et entre classes sociales.
En particulier, il faut toujours se méfier des chiffres agrégés et des moyennes qui peuvent cacher de grosses disparités. Ainsi, un PIB important de près de 3.000 Mrds $ peut être stimulé par l’export, par les sièges des multinationales et par des ménages riches. Il en est de même pour les collectivités avec un écart abyssal entre les quartiers riches de Paris et les banlieues de province. Aussi, à titre d’illustration, les 10% des plus riches en France possèdent près de la moitié du patrimoine global.
En effet, même si la France assure l'école gratuite, la sécurité sociale pour tous et le revenu minimum pour les plus de 25 ans, il est normal que le chômeur de banlieue ainsi que l'artisan de la ruralité ne ressentent pas le même bonheur que le haut cadre de la finance. Dans ce contexte, la réussite du pays est mesurée selon le ressentiment personnel et non selon l’intérêt collectif. C’est l’exemple type de l’ouvrier d’une usine qui préfère logiquement le maintien de son activité à sa délocalisation même si l’impact économique global d’un tel maintien est négatif.
Ainsi, quand certains français évoquent le déclin de la France, ils pensent d’abord à leur propre déclassement avec une pauvreté relative et un moindre pouvoir d’achat. Un tel phénomène a été accentué par la mondialisation et par l’élargissement de l’UE. En effet, quand LVMH est gagnant grâce à l’export en Chine et aux Etats-Unis, l’ouvrier du textile et le vendeur de chaussures sont perdants et n'ont plus d’emplois. Aussi, quand un travailleur sous-qualifié cherche un emploi, il est concurrencé par des réfugiés voire des migrants illégaux.
In fine, pour remédier à cette distorsion, les hommes politiques français sincères ont redoublé d’imagination pour trouver des solutions. Ainsi, nous pouvons retenir les dernières propositions innovantes comme l’héritage universel. En effet, il s’agit de donner un capital à chaque nouveau-né avec la possibilité de sa consommation en dépenses d’éducation, d’apprentissage ou même d'entreprenariat. D’autres propositions, ont concerné une forte hausse des salaires nets notamment via une baisse significative des cotisations salariales et/ou des impôts sur les bas salaires.